lundi 3 mars 2008

L'imagination au pouvoir.

Les avatars révèlent énormément sur nous-mêmes. Ils ne sont pas des créatures de notre imaginaire dans le sens que cet imaginaire serait une partie de nous même qui serait séparée de notre personne, active seulement quand on la sollicite. Et maintenant on dit que … Ce n’est pas comme cela que nous fonctionnons, nous n’avons pas cette liberté de faire abstraction d’éléments constitutifs de notre personne. Ou alors, l’imaginaire est une fonction qui utilise un fond d’images sur lesquelles nous n’avons qu’un contrôle limité, pour ce qui est de la création et de l’effacement de ces images. Je laisse aux psychologues et visiteurs scientifiques le soin d’expliquer la nature de l’imaginaire, s’ils le veulent et s’ils le peuvent. Mon propos est simplement d’affirmer son caractère permanent et impérieux.

C’est ainsi que la création d’avatars est soumise à d’autres lois que celles de la beauté ou la fonctionnalité. Comme ils sont chargés de nous représenter, ils sont énormément chargés de signification. Au-delà des attributs dont on les affuble – cuirs sexy pour les dominants, colliers pour les soumis par exemple – on convoie à travers d’eux toute une série de messages sur la manière dont on perçoit ce qu’on désire représenter. Rien, absolument rien n’est gratuit dans un avatar, gratuit dans le sens de dépourvu de signification. Puisqu’on en a le contrôle total sur leur apparence, tout est intentionnel, que cette intention soit consciente ou non.

J’ai déjà critiqué le format humanoïde des avatars. La structure même de SL est déjà chargée de messages qui déterminent les rapports sociaux qui peuvent s’y développer. Tous ces modèles, celui de Linden Lab, ceux de chaque individu, se rencontrent sur des terrains de connaissance où ils reproduisent leurs comportements standards. Il faudrait d’ailleurs voir si la population des résidents de Second Life ne suit pas les constatations de Bartles (Players who suit MUD, http://www.mud.co.uk/richard/hcds.htm)

Second Life est une vision de notre monde, dans une autre perspective. Il permet d’observer les activités humaines et d’y participer en mettant l’accent sur certains éléments et en négligeant d’autres, mettant en lumière des conceptions et des approches de notre vie qui autrement resteraient occultées pour certains.

1 commentaire:

Fabrice Tebaldi a dit…

Oui, l'avatar est surtout du sens plus que de l'apparence. Les contraintes ne sont pas aussi fortes qu'en rl, et le hasard et les nécessités semblent jouer un rôle moins important sur sl.
Ainsi l'avatar fait sens, même si les résidents ne sont pas égaux dans leurs capacités de contrôler totalement leur image.

Merci pour le lien, particulièrement intéressant. On peut trouver de nombreux éléments de réflexion sur sl. Cela cogite.
J'étais avant hier à une conférence donné par Rudie Otoole à Roissy, in world.
Au delà d'une drôle d'impression de joindre un groupe de paroles aux Etats-unis, ou une réunion Victoria's secret (voire tupperware) chez les desesperate housewifes, j'ai pu
relever quelques éléments de réflexion intéressants sur le bdsm, notamment sur certaines formes d'apparence d'avatar, et le type de socialisation que cela pouvait impliquer.
Notamment les formes non humaines, mais en mettant l'accent non pas sur une recherche d'originalité, mais bien sur les motivations psy et affectives qui en étaient à l'origine.