samedi 18 août 2007

Fatigue.

Hier soir, j'étais assise à mon club préféré. Petit à petit le lag se dissipe, les objets, puis les avatars prennent forme et reçoivent leurs textures. Je fais le tour des gens et je remarque, hors du cercle que nous formons, une jeune femme agenouillée, le corps couvert de stries rouges. J'imagine que cela figurait des marques de fouet ou de canne. Il y en avait sur toutes les parties visibles de son corps sauf sur le visage. J'ai pensé "Quelle misère!" C'est la première pensée qui m'est venue à l'esprit. Je contemplais une personne torturée, qui exposait sa souffrance, et peut-être appelait à l'aide. Ou pas ? Etait-ce un jeu pour elle de se peindre l'avatar de lignes rouges ? Quel pouvait bien en être la signification? J'aurais du le lui demander, je ne l'ai pas fait parce que je ne voulais avoir l'air de l'attaquer sur son apparence, et générer un débat dans lequel je serais apparue comme quelqu'un qui veut diminue la liberté d'expression d'autrui. Je suis partie.


Puis aujourd'hui, j'y retourne. Trois personnes à part moi, dont une jeune femme que je n'ai jamais rencontrée. Elle est presque nue, agenouillée davant une chaise vide. Elle est occupée ('busy'). Je regarde son profil. Il commence par ces mots : "No she will not have sex with You. No she is not looking for "fun" and no, she is not interested in ANY way. If this answered Your question, good.....now move along." que je traduis par : "Non elle n'aura pas de relation sexuelle avec Vous, Non, elle cherche pas du plaisir, et elle n'est pas du tout intéressée. Si cela répond à Votre question, bien... passez votre chemin." Je suis surprise que cette personne se présente d'abord comme un objet de désir.

Je suis fatiguée, je veux voir autre chose.


jeudi 9 août 2007

C'est la voix.

Second Life fonctionne mal depuis que la voix a été installée. Inventaires inaccessibles, listes d'amis incomplètes, messages instantanés perdus dans l'éther, nous ne savons pas dans quelle sauce nous serons noyés lors de notre prochaine visite.

Et pourquoi? Hier nous étions 8 autour d'une table virtuelle, quatre d'entre nous utilisaient la voix. Les voix de deux d'entre eux étaient perdues dans l'écho, et le bruit de fond du troisième rendait l'expérience pénible. Finalement, malgré notre bonne volonté, toute conversation était impossible. De plus, avoir une conversation de cette manière aurait exclu les personnes qui n'utilisaient pas la voix.

Nous avons rapidement abandonnés, la voix n'ajoutait que de la confusion et de l'inconfort. Et nous perdons la possibilité de relire ce qui a été dit, plus de log, plus de conversations simultanées avec différentes personnes ... Rien que du bruit.

[ajouté le 15/7 à 18h]
Bon ben voilà, d'après le blog de Linden (http://blog.secondlife.com/2007/08/11/more-info-on-this-weeks-grid-problems/), ça n'a rien à voir avec la voix. Il n'y a plus qu'à esperer et attendre une solution.

lundi 6 août 2007

Abus.

Une conversation privée où mon interlocuteur mélange jeu de rôle et conversation réelle, et brusquement, la petite esclave goréenne que je joue se retrouve au centre de l'attention générale, dans un climat qui évoque le drame.

Un des protagonistes m'invite à le suivre, et heureuse d'échapper au filet dans lequel je me débat, je le suis, trottinant allégrement derrière mon sauveur.

Une fois à l'écart, il me dit - toujours en conversation privée - que j'ai été grossière. Devant mes dénégations polies et prudentes, il m'affirme qu'il peut tout voir dans Second Life, toutes les conversations, privées ou non, et qu'il peut situer n'importe qui, à n'importe quel moment et n'importe où dans Second Life. J'avais rencontré Dieu et je ne le savais pas. Je lui ai demandé si il me prenait pour une ***, ce qui l'a radouci et invité à terminer la conversation de manière civile.

Que faire contre ce genre d'abuseur? Son intention est clairement de profiter de la naïveté d'un résident. Peut-être aurais-je du manifester une crainte admirative pour voir dans quelle direction il voulait aller, mais il était tard et tout ce cirque m'avait passablement fatiguée.

Vous êtes trop souvent sur Second Life quand ...

La gare que je traverse tous les matins pour me rendre au travail consiste en un long couloir sous les voies. De larges escaliers rejoignent les voies de part et d'autre du couloir.

Un monsieur balayait les marches d'un de ces escaliers, méthodiquement, de droite à gauche. Armé d'un long balai, il repoussait d'un geste égal la poussière le long d'une marche. On pouvait deviner en voyant les marches au dessus de lui comment ils les avaient nettoyées et comment il nettoierait les suivantes, avec ce même geste et cette précision qu'il avait utilisés pour les précédentes. Il semblait être là de toute éternité et sans aucun doute, les escaliers étaient propres.

Mais ces images ne me sont venues que maintenant, alors que j'écris ce texte. Vous qui inlassablement parcourez les grands espaces de Second Life et partagez mes visions, vous savez ce que j'ai vu.

vendredi 3 août 2007

Libertango

Nous nous levons avec la musique et enlacés, nous nous élançons vers le centre de la piste en épousant le rythme du tango. Je sens ma robe qui me serre les hanches et les cuisses, et la fraîcheur du tissu de sa chemise sur mes bras. Je pourrais fermer les yeux mais je préfère le regarder devant le monde qui défile. Son sourire me rend forte et remonte toute l'énergie de la terre dans mes jambes et mon dos. Et je tourne et je tourne et je tourne, il se penche vers moi, je l'évite et l'attire, il m'appelle et je le contourne, le rouge de mes vêtements se confond avec le noir des siens pendant que Libertango explose en boucles.

De l'intérêt des lois ...

Je viens de lire dans un blog un plaidoyer vibrant pour que Second Life reste un lieu où les lois ne limiteront pas nos possibilités.

Je vois trois éléments de réponse.

Tout d'abord, il faut éviter que Second Life ne devienne pas un endroit où la criminalité réprimée ailleurs puisse s'exercer sans limite. Par exemple que l'absence de régulation des mouvements financiers ne permettent de laver l'argent de la drogue ou des ventes d'armes illégales, ou de permettre le transfert de fonds qui soutiennent le terrorisme international.

Ensuite, il faut éviter Second Life ne deviennent un endroit où des gens sans éducation ou sans expérience acquièrent des valeurs inutilisables dans le monde réel ou apprennent des pratiques qui transposées dans leur vie quotidienne, entraîneraient pour eux ou leurs proches des dommages importants. La prostitution transmet des valeurs sur la femme et sur le corps humain qui ne sont pas compatibles avec la liberté et le droit au bonheur [modifié après mise en ligne pour clarifications]. L'inclusion d'enfants dans des échanges sexuels d'adultes détruit la capacité de bonheur de ces enfants pour le reste de leur vie. De plus, des pratiques sexuelles possibles dans Second Life ne sont pas transposables sans grands dangers dans la réalité physique. On peut au moins réfléchir à des méthodes pour diminuer les risques encourus par les visiteurs non avertis.

Enfin, Second Life est un laboratoire à beaucoup d'aspects. L'échec de ce laboratoire découragerait de nombreux participants qui se retireraient avec leurs ressources matérielles et intellectuelles, laissant Second Life devenir un terrain vague habité par quelques rats et clochards, une impasse, et sa technologie sans développement. Il veut mieux que l'introduction des lois soit testée plutôt que cette zone du Net avec les possibilités qu'elle offre ne soit tenue injustement à l'écart des progrès que ces lois pourraient apporter.

Nous aurons toujours nos espaces de liberté car notre imagination est sans limites.

Communiquer en ligne.

Communiquer on-line est très difficile.

Tout d'abord, vous ne voyez que des mots bruts. Pas d'intonation, pas de langage corporel. Les emoticons sont plutôt une réduction qu'une aide car ils ont l'ambition d'exprimer des sentiments complexes par une série limitée de signes abstraits dont il n'est pas sur qu'ils aient la même signification pour tous.

Ensuite vous ne percevez pas l'environnement de votre interlocuteur, même si il vous le décrit avec soin. Cet environnement est un protagoniste actif dans votre conversation, et même si vous n'avez aucune interaction explicite avec cet environnement, vous devez en tenir compte.

Finalement, peu de gens ont la capacité de décrire leurs sentiments par écrit et au vol, et peu de gens ont la capacité de décrypter ces descriptions. Il y a des écrivains, ce sont des personnes particulièrement douées dans la manipulation de l'écriture et nous n'en sommes pas tous.

Nous rencontrons des problèmes de communication dans nos rapports en chair et en os, même avec ceux que nous côtoyons tous les jours dans des situations très banales. Imaginez vous ce qu'il advient quand on a le désir de se mettre à nu devant un inconnu dont on a jamais entendu le son de la voix. Les difficultés propres à la communication en ligne s'ajoutent aux difficultés naturelles de la communication humaine. Pertes de significations, confusion des sens, altérations par le désir ...

Que faire ...

Être conscient des difficultés, et surtout, rester à l'écoute, ne jamais fermer la communication, essayer d'imaginer, de savoir et de comprendre.

Donner le temps, le prendre, et utiliser ce temps supplémentaire pour reformuler ce qui semble n'avoir pas atteint son but. Utiliser d'autres mots pour exprimer la même chose peut aider à clarifier, c'est même un procédé employé couramment dans les conversations en chair et en os.

Et surtout, ne pas essayer de tirer des conséquences de ce que vous ne voyez pas. La disparition de l'être cher d'Internet pendant vingt-quatre heures peut avoir dix mille raisons, et il y a beaucoup de chances que vous ne puissiez imaginer la bonne. Et la peur de le perdre, la détresse dans laquelle vos sentiments exacerbés vous ont mis et votre désir de retrouver la communion interrompue vont créer dans votre esprit des images effrayantes, sans lien avec la réalité. Quand vous aurez la possibilité de rétablir cette communication, vos sentiments troublés vont perturber votre perception et rendront vos retrouvailles pénibles, risquant de vous amener justement là où vous craigniez d'être.
Ou peut-être la souffrance est telle que vous avez pris la décision de ne plus l'accepter.