samedi 15 décembre 2007

Les orties.

Voilà, j’ai jeté mon collier de soumission aux orties … mais non, je l’ai rendu à sa propriétaire, que je n’ai pas réussi à intéresser à mon style. Fini, c’est fini, on ne m’y reprendra plus, et croyez-moi, c’est quelque chose qui durera plus longtemps que mes tentatives d’obéissance. Ou ne me croyez pas.

Naturellement, je dois m’organiser. J’avais tout abandonné, y compris mon temps, et j’ai retrouvé tout comme je l’avais laissé, un peu poussiéreux mais bon, un coup de plumeau et il n’y paraîtra plus. Hmm c’est un peu plus difficile que cela.

Donc, cette après-midi, j’essayais de réunir mes idées dans mon lieu préféré de rencontre, et j’écoutais le gazouillis d’une kajira goréenne qui appelait tout le monde Maître et Maîtresse. Je sentais mes terminaisons nerveuses me chatouiller, des vagues parcouraient ma peau. Ces filles doivent être insatisfaites pour imposer leur désir de soumission à tous ceux qui passent à proximité. Leur Maître et leur Maîtresse ne leur suffisent-elles pas ? Il leur faut encore se soumettre au reste du monde. Comme mon profil indique une personne amicale et tolérante, je me suis concentrée sur la mise en ordre de mon inventaire. Et j’ai nuancé ce texte erroné.

Et puis, les punitions. C’était le sujet suivant, je ne me souviens plus comment il est apparu. Vous savez ce que j’en pense. Nous sommes des adultes, les soumis ne désirent qu’une chose, la satisfaction de leur dominant, n’est ce pas ? Si ils désobéissent, c’est par ignorance ou par rébellion. En cas d’ignorance, on explique. En cas de rébellion, on arrête la relation puisqu’elle est vidée de son sens. Et si on veut exprimer des sentiments sadiques ou masochistes, il y a bien d’autres méthodes qu’une régression infantile. Car nous sommes des adultes, n’est ce pas ?

Ce discours a du jeter un froid, il y a eu un long silence, un très long silence, et je suis partie sur la pointe de mes pieds virtuels.

1 commentaire:

Fabrice Tebaldi a dit…

Voila qui est très intriguant pour qui ne connait pas le parcours qui vous a menée jusque là.
Cette méconnaissance m'expose à toutes les mauvaises interprétations, ne me permet pas de discerner avec exactitude le premier degré du second. Car bien sur ce texte est à la fois plein de sous-entendus et d'humour (il n'y a qu'à en lire le titre, orties, plante bien connu du milieu bdsm dit-on, à la fois à la base de punition, mais aussi source de prurit, d'irritation) mais semble recéler aussi une dose de déception, et d'irritation. Ortie est décidément bien choisi, à la fois piquante et irritante.

Qu'est-ce qu'un(e) soumis(e) ? Où le soumis trouve-t-il sa satisfaction ? Les kajiras s'offrant à tous, insatisfaites d'une relation unique.......vous même, vous offrant, et totalement si j'ai bien compris, mais à une seule personne et n'y trouvant pas non plus votre satisfaction.

“Les soumis ne désirent qu'une chose” dites vous, “la satisfaction de leur dominant”, et le “n'est-ce pas” ironique qui suit semble détruire toute illusion sur le sujet.
La relation D/s a été analysée maintes et maintes fois en rl, certains en arrivant à la conclusion paradoxale que la plupart du temps le soumis instrumentalisait le dominant, inversant ainsi les positions. La problématique se pose pratiquement dans les même termes sur sl.

La kajira qui se soumet à tous méprise son Maitre, puisqu'elle semble ne pas le distinguer de la foule. Ce qu'elle fait ressortir est simplement son besoin de soumission et non sa capacité de servir.
Il n'y a pas de don, son attitude est égocentrée, et le Maitre n'est qu'un instrument. Mais peut-on échapper à l'égocentrisme et au narcissisme dans la relation amoureuse. Le niveau de doute plus élevé dans le monde virtuel, la facilité à porter son masque, met même en question la sincérité des sentiments exprimés. N'y aurait-il que du jeu froid ? Et dans ce cas, à quoi bon ?

Vous dites “j'ai rendu mon collier.....” “je n'ai pas réussi à l'intéresser à mon style”. J'aurais bien voulu être un petite souris pour en apprendre plus sur cette relation. Qu'attendiez-vous d'elle ? Qu'attendait-elle de vous ? A l'origine de la rupture, vous attendiez plus que la satisfaction de votre Maitresse, peut-être ? Elle-même, que vous a-t-elle donné ?
“C'est fini, fini” dites vous, comme l'on dit après un dépit amoureux. “Ou ne me croyez pas” qui laisse une chance à l'avenir.

La punition est aussi une faille dans le jeu D/s. Tout le monde a en tête le dialogue entre un masochiste qui dit “fait moi mal” et le sadique qui lui répond “non”. D'ailleurs toute tentative de recul, d'ironie au moment du jeu sm le détruit irrémédiablement, avec tout son fatras et sa pompe. J'en ai fait l'expérience en rl. C'est en dehors du jeu que les protagonistes peuvent ironiser. Sur la scène il faut se prendre au sérieux au risque de détruire la magie de l'instant et de laisser les acteurs dans leur costume ridicule.
Là encore le soumis peut instrumentaliser le dominant, simple instrument de torture.
Dans une relation idéale, le soumis ne souhaite que servir, et tout manquement serait une défaillance sa part. Il ne recherche pas la punition, signe de son échec, il ne la provoque pas. En revanche le cas échéant il l'accepte volontiers comme le signe d'un intérêt que lui porte son dominant. L'absence de réaction du dominant marquant l'indifférence serait perçu comme un signe de désamour.

SL a-t-il un intérêt quelconque s'il se résume à un jeu sans enjeu, s'il n'y a pas de sentiment mais seulement des faux-semblants, si le coeur ne s'accélère pas un peu quand le partenaire parait ?
Vous semblez avoir aimé, avoir ressenti du dépit à la fin de cette relation, avoir besoin de “réunir mes idées” après cette rupture. Vous n'avez pas perdu totalement votre temps.

Mais peut-être ne vous ai-je pas bien compris, peut-être suis-je même entièrement à côté de la plaque ?
Oops, maybe not ;-)

Au plaisir de vous lire.

Fabrice Tebaldi.