lundi 29 octobre 2007

Dans un étau.

J’ai eu la sensation très désagréable d’être prisonnière alors que je pensais être libre. Assise sur un banc, au soleil virtuel d’un de mes endroits favoris, je me suis vue entourée de trois avatars à la recherche d’une dominante. Brusquement, je ne pouvais plus bouger, j’étais enfermée dans leur désir aussi étroitement que dans une gangue de glace. J’ai fait un effort réel pour me lever et me suis éloignée, peut-être en ai-je bousculé un dans mon mouvement, je n’aurais pas pu rester là une seconde de plus. C’est une image qui va rester dans mon imaginaire.

Le désir de l’autre nous enferme aussi efficacement qu’un carcan. L’effort à faire pour s’en libérer est considérable. De nombreux soumis ne cherchent en fait qu’à posséder la liberté de celui auquel ils prétendent se soumettre, et n’offrent que l’apparence de la soumission, le respect artificiel de protocoles vidés de leur signification par leur répétition automatisée. Rien à voir avec le don de soi, rien à voir avec une alchimie dans l’échange des désirs, mais bien une sangsue qui vous colle au cœur et se nourrit de votre passion.

Qui est dominant et qui est soumis ? Ils sont tous deux absents. Donc il faut les rappeler, les réintroduire dans la relation, prendre l’initiative.

vendredi 19 octobre 2007

Et l'amour dans tout ca ?

Second Life a choisi comme interface de simuler l'apparence du réel. Votre personne y est représentée à l'image d'une personne réelle. On y voit des espaces sur lesquelles sont posées des maisons, qui contiennent des objets à l'image du réel. Mais le frigo ne garde pas les aliments au frais, les boissons ne désaltèrent pas et les véhicules sont complètement inutiles. J'ai déjà longuement exposé mes sentiments sur les limites de cette simulation et sur les confusions que peut générer l'esprit de cette interface.

De même, on peut construire une relation solide et durable dans Second life. Dans ces relations, les avatars sont soit les objets de la relation, soit les outils de l'interface. Comme objet de relation, ils simulent une relation comme elles peuvent se dérouler dans le monde en chair en os, avec ses hauts et ses bas, son dynamisme propre et ses enjeux, à l'intérieur du monde électronique. Si les avatars sont des outils dans une interface, les limites de l'interface - la privations des sens du toucher, de l'odorat et du goût, l'absence de messages corporels, la lenteur des réactions, la difficulté d'exprimer des messages complexes ... - se feront vite sentir, et certains voudront élargir ou éliminer l'interface.

A ce moment, tout le sentiment d'intimité qui s'est développé dans les contacts via l'interface électronique devra être reconstruit. On n'en transporte rien, ou presque, peut-être le désir de se rencontrer et d'approfondir dans la chair et l'os ce qui a été entrepris dans les électrons et les pixels. A la première rencontre en dehors de l'interface électronique, tout est à refaire, à redécouvrir. la quantité énorme de nouvelles informations qu'apporte le contact réel entraîne le fait que la relation sera complètement redéfinie.

Et l'amour dans tout cela?

jeudi 18 octobre 2007

Le bon dominant.

L’idée même de bon dominant est dangereuse à bien des regards, car le concept implique une image figée et reproductible à souhait. Il ne serait plus nécessaire de penser, de réfléchir, de sentir, ou d’être mais seulement d’appliquer une série de recettes liées à la qualité de bon dans le domaine de la domination. On pourrait répondre aux demandes des soumis et soumises par un choix au hasard dans une série de comportements dont on n’aurait pas à craindre des effets réducteurs. Et si le soumis en est malheureux, c’est probablement parce qu’il n’aurait pas été un bon soumis. A lui donc de rechercher dans son domaine une bonne réponse à la bonté du dominant.
Ne parlons donc plus de bon dominant, essayons d’éviter les étiquettes réductrices. C’est toujours difficile, on a le désir de nommer ce qu’on l’on vit et de lui donner un caractère général. Je peux vous dire ce que je recherche chez un dominant. Je recherche l’énergie qui me permet de me rencontrer, de me comprendre et de m’exposer au grand jour. Je cherche à être complète, entière et généreuse. C’est cet être complet, entier et généreux que je mets aux pieds du dominant, pour qu’il en fasse ce que bon lui semble. Moi, je suis heureuse.

mercredi 10 octobre 2007

Communiquer au dominant.

La difficulté principale dans un rapport de soumission est d’éviter de manipuler le dominant (ou pour le dominant, d’éviter d’être manipulé) tout en lui donnant suffisamment d’informations pour l’aider à vous comprendre et à trouver le chemin vers votre sensibilité.

Comment lui expliquer que vous adorez être exhibé en public à ses pieds sans que cela ne semble une requête pour être exhibé, je n’ai pas encore trouvé la solution. L’exercice est difficile. Il faut éviter de manipuler le dominant et néanmoins lui donner les informations qui lui permettront de nourrir le dynamisme de la relation et permettront au soumis de s’exprimer. Les principaux outils doivent être la patience et l’imagination, il faut pouvoir exprimer une palette la plus large possible, et guetter chaque moment pour en faire une occasion d’enrichir la relation.

Il existe des questionnaires BDSM. Ce sont des listes de fétichismes. A chaque fétichisme, vous donnez une marque, allant du refus total à l’enthousiasme, en passant par l’indifférence ou la nécessité. C’est pratique, mais cela me semble figé, et on peut craindre que le dominant fatigué ou indifférent ne les utilisent que comme des listes de boutons sur lesquels appuyer lorsqu’il veut susciter une réaction chez son soumis.

Du point de vue du dominant, je crois pour des raisons de dynamisme, d’immersion et de réalisme, que la lecture et le respect de règles écrites est une grave erreur, enfermant la relation dans des stéréotypes réducteurs. Se promener avec des cartes expliquant ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire va amener le soumis à se conformer à des attitudes qui ne sont pas les siennes et réduire considérablement ses moyens, qui ne sont déjà pas très importants. Ecartelé entre le désir de plaire et la nécessité d’obéir, le soumis choisira la nécessité d’obéir parce que c’est le moyen le plus direct et le plus efficace de plaire, et aussi parce que cette obéissance va le confirmer à ses propres yeux dans son statut de soumis. Le prix à payer sera l’intensité de la relation. Comment se développer dans une relation machinale et codifiée, comment y trouver du plaisir, moi je ne le peux pas.

mercredi 3 octobre 2007

Désir de soumission.

Je ne sais pas si je suis autorisée à décrire ma nouvelle expérience. Il faudrait pour bien faire que je puisse citer des noms et des lieux, ou au moins, être au courant de ce que je ne peux pas écrire et de ce que je peux écrire. Personnes, situations, scènes … Même si tous les participants sont anonymes, ils désirent peut-être que des aspects spécifiques de leur Seconde Vie ne soient pas divulgués. Pourquoi ce secret ? La Seconde Vie est un pour beaucoup de gens un refuge. On peut ne pas vouloir la voir classifiée, décrite, exposée … On peut se tenir à l’écart de la curiosité et de l’expression de sentiments que la description de pratiques intimes pourrait susciter. On peut voir une atteinte à notre liberté dans l’intérêt que d’autres portent à nos sentiments. Peu importent les raisons, je ne veux même pas les connaître mais je me dois de n’exprimer ici que ce qui est accepté par ceux dont je parle.

Donc faute de pouvoir parler d’autrui, je devrais pouvoir parler de moi-même. Je n’ai malheureusement aucune idée sur la nature et l’origine de mon désir de soumission. C’est un sentiment impérieux, inspiré par d’autres personnes. Il est toujours intense, jamais douloureux, et son expression interne est variée dans les endroits qu’il touche et dans les formes extérieures qu’il suggère. Il a un lien direct avec la sexualité mais il n’est pas satisfait par la consommation du désir sexuel. Beaucoup de gens le reconnaissent facilement, certains le manipulent impitoyablement. Parfois, quelques personnes, très rares, savent jouer avec lui. Quel plaisir ! Dans la vie réelle, je le cache jusqu’à me faire violence. On peut me trouver légère, enjouée, superficielle, on ne me voit jamais soumise.

Pourtant, je suis sûre que c’est à ce moment que je suis parmi les plus belles, parmi les plus désirables et les plus subversives entre toutes celles que vous aurez rencontrées.